Anne Bouchara

Autoportrait

… comme, dans certaines circonstances, il me faut bien ou rêver, ou agir, je mélange une chose avec l’autre. Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité.

Quand j’étais petite, je n’avais jamais sommeil. Mes parents m’avaient expliqué qu’il fallait dormir pour grandir. À l’âge de quatre ans, dans mon lit, j’ai inventé ma première rime : « Il est minuit, je grandis. »

Depuis, je continue d’associer les mots pour les faire rimer, pour rythmer le temps mais aussi l’arrêter. J’écris pour dire ce que je vois du monde, dire les réalités possibles et comment elles se mêlent parfois aux rêves.

Comme les rêves, j’ai construit ces nouvelles en assemblant des fragments de vies vues à travers le kaléidoscope de mon imagination. J’y ai créé un univers de personnages qui se croisent d’une nouvelle à l’autre. Tels des funambules, ils marchent sur le fil de la réalité, d’où ils trébuchent parfois.